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Thy Cities Shall With Commerce Shine — Part II

#17

Hattie Wade

Artiste sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets

41435 Rue Souverain Pont

Ce projet de recherche en cours nous interpelle : le Lloyd’s of London, édifice situé en plein cœur de la City à Londres, mérite-t-il réellement d’être classé monument historique ? C’est le plus récent bâtiment honoré de ce statut en Grande- Bretagne bien que son histoire soit étroitement liée à la traite transatlantique des esclaves.

Le Lloyd’s of London est un marché de l’assurance bien connu, spécialisé dans l’assurance et la réassurance de risques inhabituels ou complexes. Ses courtiers travaillent tous dans les immeubles situés à proximité du bâtiment principal, car la plupart des contrats s’y négocient encore en personne.

Fait unique au monde : c’est également à Lloyd’s que l’on trouve l’assurance « enlèvement et rançon » (en anglais K&R – Kidnap and Ransom). Beaucoup pensent que ce type d’assurance est né dans les années 1930, à la suite de l’enlèvement du fils d’un aristocrate. Dans son article Excessive Memories : Slavery, Insurance and Resistance, l’historienne Anita Rupprecht a cependant démontré en 2007 que ce système remonte en fait à l’époque de la traite négrière : il servait alors à la fois à assurer les bateaux qui capturaient des Africains et à protéger les Européens contre le risque d’être eux-mêmes enlevés.

Ce type d’assurance est aujourd’hui surtout utilisé par de grandes entreprises qui exploitent les ressources naturelles dans des régions considérées comme «à risque». Or, ces mêmes régions portent généralement les marques laissées par des siècles d’exploitation coloniale. Les multinationales d’aujourd’hui sont en réalité les descendantes directes des anciennes compagnies coloniales. Autrefois, ces sociétés avaient même le droit de coloniser au nom des grandes puissances européennes. À y regarder de plus près, cette forme moderne d’assurance ne fait que prolonger les tendances du passé : celles d’un commerce mondial axé sur l’injustice et l’inégalité, qui rappelle, de manière troublante, les modèles économiques ayant directement profité de l’esclavage et de ses dérives.

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