Respirer des heures bleues

« Je suis dans les grands rêves de la nuit ; car le maintenant-déjà est nuit » Clarice Lispector, Agua Viva, 1973.

Je manie un dessin haptique où les impressions diurnes et nocturnes se confondent, où des gestes sans âges se mêlent à des pschitts industriels, où la photographie se dessine et le dessin se photographie.

L’aérographe est un de mes outils de prédilection. Il me permet de travailler par couches de couleurs comme autant de couches de lumière-poussière qui graduellement créent des effets entre chien et loup, aube et crépuscule.

Dessiner avec et par la lumière, voir et saisir, commencer et arrêter ses gestes, sont autant de processus par lesquels le dessin vit et croît, construit une vue du réel, dans sa fragilité et ses possibilités poétiques.

L’empreinte, en ce qu’elle se crée entre deux surfaces et un geste, m’intéresse tout particulièrement. Les plantes sont un de mes domaines de recherche prin-cipal. À la croisée de l’ornementation et du politique, elles permettent, lessivées par une histoire occidentale de la représentation, de se déployer poétiquement en cristallisant des enjeux d’érudition et d’observation.