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Marie-Madeleine

#8

Alain Schank / Snach-Ka

Commissaire: Maxime Moinet

1944 Rue du Rêwe

Pendant vingt ans, Alain Schank a multiplié les expérimentations picturales dans diverses grandes séries d’abstractions abordant diverses thématiques comme le geste, la matière et le hasard. Elles lui ont valu d’être exposé internationalement et d’être enrôlé dans plusieurs galeries belges. Ces relations commerciales, fréquemment florissantes, lui ont parfois fait miroiter le Graal des artistes : vivre de son art. Il fut par contre souvent contraint par ses galeristes à multiplier les formats, décliner les couleurs et les teintes, privilégier tel ou tel effet pour rencontrer les « goûts » (a)variés de riches clients. Cette attitude vis-à-vis des artistes est aujourd’hui encore très présente dans les galeries d’art, professionnels comme amateurs, souvent accompagnée d’une répartition inéquitable des gains des ventes.

Le temps passe et la carapace se fissure. Les relations deviennent de plus en plus douloureuses. L’envie n’y est plus. Des soubresauts déçoivent. Il songe à tout arrêter. Mais comme disait l’autre : « l’autodafé n’aura pas lieu ! ».

Alain Schank peindra maintenant pour lui, en outsider. De ces frustrations accumulées est né un monstre, son alias Snach-Ka, qui l’accompagnait en secret dans les marges de son travail depuis des années. Il est figuratif, libre, décomplexé, désintéressé et ne respecte rien d’autre que l’instant. L’introspection d’Alain Schank par Snach-Ka est boulimique. Ses personnages déjantés nous hurlent leur déglingue, à la limite de l’agression. Les mots, dans toutes les langues, et les collages font leur apparition. En face, rares sont les regardeurs apathiques.

Dans la vitrine, le trouble s’épaissit encore. L’installation n’est visiblement pas celle d’un peintre. Nous sommes plongé dans un univers bien réel, aux détails choisis et soignés, un début d’histoire inspiré du croisement entre la vie (passée) du quartier et celle de l’artiste. Les éléments du décor, précisément agencés, invitent le spectateur à imaginer la suite du récit.

 

 

Maxime Moinet