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Du béton du métal dont sont faites vos parois

#13

Anaïs Lapel

Artiste sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets

3141 En Féronstrée

« Pour construire notre maison, choisissons une colline. Les Japonais ont toujours bâti au pied des montagnes ou au fond des vallées. Ils affectionnent les endroits peu élevés.

– C’est vrai, papa. Tu as raison. C’est vrai que sur les photos, les maisons des étrangers sont toujours en hauteur. Par contre, celles des Japonais sont moins visibles.

– À cela, il y a une raison. Le Japon subit des séismes et des typhons. Les maisons en bois ne résisteraient pas aux vents et aux secousses. Voilà pourquoi elles sont bâties dans des endroits moins exposés à ces risques. Mais… ce n’est pas la seule raison.

Les Japonais, vois-tu, préfèrent la douce clarté à la franche lumière. Ils se lovent dans la pénombre. Ils aiment vivre au contact de la nature. Voilà pourquoi ils n’ont jamais pu s’habituer aux maisons en pierre.

– Je comprends. Moi non plus, je n’aime pas les maisons en pierre. C’est froid. Je n’aime pas.

– Oui, mais il faut nuancer un peu. Certes, la maison en bois convient aux Japonais. Mais quand c’est tout un peuple qui l’adopte, cela risque de nous rendre faibles et inconstants. Le caractère et la force des étrangers se nourrissent des pierres, du fer et du béton dont sont faites leurs habitations. »

Extrait de dialogue du film Dodes’ka-den, Akira Kurosawa, 1970.

Du béton du métal dont sont faites vos parois est une installation spécifiquement conçue pour Art au Centre. Elle met en scène le spectre d’une agence de service du tertiaire qui, à l’heure de la division internationale du travail, a connu son plus bel essor dans les pays dits développés, trop occupés à vendre ce qui ailleurs se produisaient, mais soudain devenue moribonde, fossile, suspension d’elle-même. Derrière les baies vitrées se déploie une communication qui ne pourvoit plus, enfin libérée d’un impératif marchand.

Anaïs Lapel